L’industrie 4.0 : relocalisation d’activité mais destruction de l’emploi salarié

L’industrie 4.0 permet de relocaliser l’industrie en France du fait d’une automatisation et une robotisation de l’emploi salarié taylorien mais, en revanche entraîne sa quasi-disparition ! Le rêve quoi ! Sauf que les salariés taylorisés actuels disparaissant, que faire des personnes qui occupaient ces postes : des millions de chômeurs à venir ? Parce que l’industrie 4.0 ne crée en retour que très peu d’emplois même s’ils sont hyper qualifiés…

D’où la nécessité de changer de paradigme s’agissant de l’organisation de nos sociétés : il va falloir remplacer des millions de postes de travail prescrit et contraint par des millions d’activités consistant en un travail créatif inventif, innovant, autonome, responsable, libre, contributif au bien-être de la société…

Mais qu’est-ce que l’industrie 4.0 ?

Dans un article publié par Le Monde, le 3 mai 2016, le journaliste Didier Géneau, citant le BCG (Boston Consulting Group) indique, que « la transformation numérique modifie les anciens modèles économiques qui favorisaient des complexes industriels géants spécialisés et installés dans des pays à faible coût de main d’œuvre (la rédaction d’entreprise-libre.com, ajoute, « parce que fondés sur le taylorisme »).

Selon Olivier Scalabre du BCG de Paris, « l’avenir, ce sont de petites usines intelligentes, automatisées, capables d’une grande flexibilité dans la production et situées au plus près de leurs clients ou des consommateurs … Cela est dû à l’arrivée à maturité de plusieurs technologies comme la robotique, l’impression 3D, le big data, la réalité augmentée, les objets connectés ou encore la simulation numérique… du fait d’une baisse extrêmement vive de leurs coûts ».

Ainsi Fusia, PME toulousaine filiale de l’entreprise Esteve, s’est lancé dans la fabrication de pièces métalliques par impression 3D métal en ajoutant de fines couches de poudre métallique mises en fusion par un faisceau laser couplé à un modèle informatique de la pièce à produire. Son carnet de commandes explose et elle prévoit d’augmenter le nombre de ses imprimantes 3D de 3 à 20 unités d’ici la fin de l’année.

Automates, logiciels et robots vont remplacer l’emploi salarié taylorien

De nombreux observateurs et non des moindres pensent que cette évolution va se faire au cours des 10 à 20 prochaines années :

Comme le souligne Jean-Baptiste Rougé vice-président de Cap-Gemini Consulting en charge du secteur industriel automobile, « l’industrie 4.0 nécessitera une main d’œuvre moins nombreuse, mais beaucoup plus qualifiée, capable d’intégrer le processus de production de bout en bout et de la reconfigurer de manière agile ».

Même le journal l’Humanité souligne que l’automatisation ne détruit pas le travail créatif mais seulement l’emploi salarié taylorien.

Les orientations du nouveau paradigme organisationnel

Il s’agit de mettre à contribution d’une manière ou d’une autre, en organisant leur rémunération, tous les cerveaux (cerveaufacture ou cerveau d’œuvre, par opposition à manufacture ou main d’œuvre subordonnée), tous les talents, toutes les innovations et créations que chacun peut apporter à sa manière, avec ses propres talents et compétences.

Cette évolution peut se faire grâce à la révolution numérique qui peut être aussi utilisée autrement que pour une seule substitution robotisée et automatisée du travail contraint…

Bref une autre organisation sociale à co-inventer partout où les personnes ont le désir de créer des activités originales et non plus dans le cadre de très longues séries à bas coût (système taylorien qui n’est plus adapté à nos sociétés modernes et à l’exigence de préservation de l’environnement), tout cela à condition de ne pas retomber dans le modèle consumériste, bref une économie collaborative non toxique et non abrutissante…

Pour organiser la redistribution des gains de productivité sur l’ensemble d’un travail créatif contribuant au bien-être de la société, Bernard Stiegler propose de s’inspirer de ce qu’il y a d’intelligent dans le statut des intermittents du spectacle, tout comme d’explorer la piste du revenu universel de contribution.

Cette idée du revenu universel a déjà été formulée notamment par les philosophes Thomas More et Thomas Paine respectivement au 16ème siècle et au 18ème siècle.

Nous pensons à entreprise-libre.com que cette refondation économique et sociale passe de toute façon par une co-construction de tous avec un fort développement de l’expression collective (et directe) et la mise en œuvre de processus de démocratie participative.

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