La Cité du travail

La Cité du travail est un livre préfacé par Jacques Delors et Alain Supiot, initialement publié en italien en 1997.

Pour Bruno Trentin, ancien secrétaire général de la CGIL (équivalent de la CGT française), ancien député européen, mort en 2007, la question du travail est centrale. Sa libération est essentielle. Le rapport d’oppression (notamment matérialisé par le lien de subordination) détermine la qualité du travail.

la cité du travail

Extraits

Les différentes gauches se sont affrontées sur l’idée de savoir s’il fallait libérer le travail avant de prendre le pouvoir ou après. D’où une histoire de luttes internes terribles au 19ème puis au 20ème siècles pour construire une alternative à l’idéologie fordiste et tayloriste. Les gauches européennes, sous l’influence de Lénine et malgré ce qu’en disait Marx ont finalement opté pour l’organisation scientifique du travail (division du travail).

Mais, la propriété étatique des moyens de production censée lutter contre l’exploitation des classes dominantes et contre l’oppression du travail humain s’est révélée être une illusion largement démentie par l’expérience en URSS…

A partir de là, Bruno Trentin a entrepris de faire une étude sur Gramsci et la gauche européenne face au fordisme après la première guerre mondiale…

Au-delà de cette étude passionnante,  l’auteur note que les nouvelles technologies signent la fin de la production standardisée de masse sur laquelle l’idéologie fordiste s’est développée. Comme la compétition entre les entreprises s’écarte de plus en plus des rapports rigides entre les quantités produites et le prix pour s’orienter vers la satisfaction du client et la qualité du travail incorporé, il convient de repenser le travail pour qu’il soit capable d’exprimer un savoir-faire et un comment-faire, incompatibles avec des tâches subalternes encadrées par des fonctions managériales… D’où la crise de la « direction scientifique du travail », la remise en cause des systèmes hiérarchiques, des systèmes de formation, des systèmes d’organisation actuels au profit de nouveaux espaces de décision et de concertation pour les travailleurs salariés.

Le moment est donc venu, selon l’auteur de nous interroger sur le travail et la citoyenneté.

La thématique de la libération du travail et donc de l’action pour changer l’organisation du travail subordonné est à remettre au premier plan. Il faut donc repenser les rapports  entre les droits des gouvernés et le pouvoir des élites au gouvernement. On ne peut plus confier à un état planificateur, fût-il éclairé, la charge d’apaiser ou de compenser les souffrances et le manque de liberté des salariés qui travaillent sous la décision discrétionnaire d’autres individus…

On ne peut plus se contenter d’arrêter l’extension des frontières de la démocratie politique au seuil de la société civile et des lieux de travail.

Ainsi, il faut redonner à chaque citoyen le droit de rechercher également dans le travail la réalisation de soi ainsi que le droit d’y obtenir son indépendance en participant aux décisions qui sont prises sur le lieu de travail, y compris le droit d’être informé, consulté et habilité à s’exprimer quant à la formulation des décisions qui concernent son travail.

L’exercice effectif de ces droits oblige à réunifier connaissance et exécution, travail et savoir, travail et activité créative…

Cette question devient également fondamentale pour l’avenir de la démocratie tout court. Le contrat de travail subordonné est un poison mortel… La démocratie ne peut plus se limiter à une mascarade électorale…

C’est donc l’identité politique de la gauche et des syndicats que Bruno Trentin nous invite notamment à repenser…

Acheter La cité du travail, de Bruno Trentin.

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